Au boulot… des Handis oui ; mais pas trop

handicapwingz-777x437Attention, je suis de retour, pour partager quelque chose qui m’a fait bouillonner depuis ce matin en Réunion. Car oui, comme tous travailleurs de cette génération je suis abonnée à la réunionite aiguë. Au menu des trucs de bibliothécaire pour que notre public nous aime plus et régler nos petits problèmes afin qu’ils soient dans une ambiance bienveillante.

nous voici tous attablés à une table,  prêt à débattre de nos états d’âme et de nos pratiques professionnelles. Parmi nous, ma collègue sourde, venue au même titre que nous participer au débat. (quelle belle image de mixité )

Seul hic, elle n’a pas de traducteur en langue des signes pour l’accompagner.- traducteur /trice pas dispo il faut prévoir très en amont. Et la traduction par vidéo conf l’entreprise a un forfait. Il faut que ça rentre dans le forfait annuel.

un vrai casse tète qui facilite « le vivre ensemble », en entreprise, bien sur

Je vois les mines déconfites de mes collègues. Pas de phrase bienveillante comme:

on va s’arranger

pas de panique qu’il y a une solution

Mais plutôt une réplique comme : « t’inquiète pas il y aura un compte-rendu écrit de la réunion, je te l’enverrai » du genre retourne dans ton bureau ma belle… Tu seras au courant de ce qui va être décidé pour toi.

Pendant que certains s’inquiétaient encore,  du pourquoi  de la non-présence des traducteurs. D’autres ont trouvé une solution.

Aujourd’hui la génération NTIC (Nouvelles Technologies d’Information et de Communication) ça peut aider…

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Ce sera la retranscription vocale. Je vous sens pensifs quant à la marche à suivre… non, ce n’est pas ma collègue sourde et muette qui parlera dans le téléphone voyons…

… ce seront nous, les autres! Nous allons tour à tour nous rapprocher du téléphone pour parler dans l’assistance vocale pour que celui-ci retranscrive le texte que ma collègue lira (car heureusement elle est juste sourde et muette…pas aveugle).

Ce processus est magique! au moment où je vous écris ces mots c’est grâce à une retranscription vocale et je suis fan du gain de qu’il me fait gagner (bon… par contre il a tendance a mal conjuguer ou oublier un mot… comme le mot  »temps » dans la phrase précédente que je vous laisserai restituer).

mais, revenons à notre solution trouvée pour que la réunion soit intégrante.

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Pour appliquer cette solution, il y avait deux règles simples à appliquer :

  • S’écouter, sans se couper la parole ( pour que la transcription soit nette)
  • Et accepter de parler proche du téléphone de ma collègue

Et bien je vous le donne en mille, ces 2 points ont eu bien du mal à être respectés.

Ça a soufflé, ça s’est moqué et je me demande encore si la retranscription a été de bonne qualité.

J’aime ce boulot, j’aime le lieu où je le fais et j’essaie de le faire bien et pense être une bonne professionnelle.

Malgré les années qui défilent, au même titre que ma collègue sourde je suis confrontée à toujours prouver ma valeur/ mon droit d’être là. Nous- les personnes en situation de handicap- sommes introduites dans le monde professionnel par une expression : discrimination positive un véritable alliage de paradoxe :

  1. Positive: pour garder l’optimisme en l’avenir
  2. discrimination : pour le fait de séparer de distinguer le monde en deux groupes( c’est pas moi qui le dit c’est le dictionnaire Larousse année 2019)

Difficile d’adhérer complètement à ce concept;  où l’ on fait toujours des petits groupes…

Puis est apparu le concept d’inclusion, une société inclusive, une société intégrative tout ça est beaucoup plus positif. Mais il faut croire que la discrimination, aussi positive soit elle, a eu le temps d’investir l’esprit de certain… des mots toujours  des mots et les faits alors?

Sur un projet en binôme, par exemple, certains collègues vont plutôt demander des informations à l’autre partie du binôme qu’a celle qui a des roulettes. D’ailleurs en ce qui concerne les projets, rares sont ceux qui me sont proposés d’office. Il ne faudrait pas me fatiguer, me dit-on… Certes, j’ai choisi d’alléger mon planning en passant à 80%, mais cela ne veut pas dire que je veux concrètement me désinvestir ni que mon handicap me rend professionnellement incapable.

Je me bats, au même titre que ma collègue sourde, a être employée à ma juste valeur. Et quand on sera bienveillant entre collègues on pourra parler de bienveillance envers le public.

Pour une société plus inclusive, il faut se poser des questions, douter pour avancer. Se remettre en question, pour savoir si on est bien en adéquation avec ses valeurs.

Je ne suis pas pas un potiche. je ne sers pas uniquement au quota .

ah qu’ils sont beaux ces quotas

cropped-Logo_LesDevalideuses_200Le collectif féministe qui démonte les idées reçues sur le handicap : les devalideuses, merci pour ces vignettes percutanteshttps://www.instagram.com/lesdevalideuses